Peut-on imaginer quel étonnement, quelle frayeur peut être, ressentit par l’être qui, pour la première fois, en tombant sur la glace ou en se penchant pour boire l'eau d'une rivière, vit son propre visage, sans comprendre d'emblée qu'il s'agissait du sien ? Ce n'est pas un hasard si, dans les différentes cultures et civilisations, les esprits des eaux, des sources, des étangs, des lacs, des glaces foisonnent. En effet, lorsque l'homme s'approchait des eaux, il y voyait se refléter un être immatériel, insaisissable, à sa ressemblance, qu'il finit sans doute par assimiler à un double magique. Mais il y lisait aussi des signes révélés par les mouvements de l'eau : vagues, tourbillons, remous, bulles...
Les fondements de la divination par le cristal se confondent ainsi avec la découverte du miroir naturel et la prise de conscience du double et de l’âme, que l'on retrouve dans la légende mythologie grecque de Psyché.
La catoptromancie ou divination par le miroir, était couramment pratiquée par les magiciens et devins grecs qui plongeaient un miroir dans l'eau des fontaines ou des sources sacrées pour y lire des présages.
En Chine antique, on utilisait des miroirs en bronze poli, décorés de symboles mythiques, cosmologiques et astrologiques, pour y trouver les reflets des démons que l'on invoquait.
L'apparition de ce que nous appelons aujourd'hui la boule de cristal est beaucoup plus récente. Elle date du milieu du XIIIe siècle, dans la France médiévale.
Elle fut sans doute importée d'Orient, où le métier de cristallier, l'orfèvre qui taillait les pierres de cristal, s'organise. Pierre Clouet était ainsi un célèbre cristallier qui orna le trône de Jean II le Bon, roi de France. Mais le cristal de roche ou quartz était utilisé depuis la haute Antiquité pour fabriquer des objets précieux ou sacrés.