Mobilisation pour Betancourt, "au bout du rouleau", après 6 ans de captivité
23 février 00:46 - PARIS(AFP) - La famille de la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt et les comités de soutien ont dit vendredi à Paris vouloir "garder espoir" et ont souligné l'urgence d'une solution négociée, à l'occasion du sixième anniversaire de son enlèvement par la guérilla des Farc.
L'ex-mari d'Ingrid Betancourt Fabrice Delloye et sa fille Mélanie, le 22 février 2008 à Paris
AFP - Mehdi Fedouach
Les proches de l'otage poursuivaient vendredi une série d'actions en France pour marquer l'enlèvement, le 23 février 2002, de l'ex-candidate écologiste à la présidentielle colombienne.
Temps fort de cette mobilisation, plusieurs artistes dont Renaud, Vincent Delerm et Camille ont chanté devant 1.200 personnes, en présence de ses enfants, Mélanie et Lorenzo Delloye, et de l'ex-parlementaire Consuelo Gonzalez, récemment libérée par les Farc. Tous devaient se retrouver samedi pour déployer une chaîne humaine dans le centre de Paris.
Kouchner Parallèlement, le gouvernement français s'est mobilisé autour de ce dossier prioritaire pour le président Nicolas Sarkozy, avec la visite que vient d'accomplir le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner dans la région. Les enfants de l'otage ainsi que leur père Fabrice Delloye et Consuelo Gonzalez seront reçus par M. Sarkozy samedi à l'Elysée.
"Demain est un jour douloureux pour nous mais il faut garder espoir. Si Consuelo est là, on peut y croire", a affirmé Mélanie Delloye, venue de New York, où elle poursuit ses études, pour rejoindre sa famille.Mélanie Betancourt devant un portrait de sa mère Ingrid, le 22 février 2008 à Paris
AFP - Mehdi Fedouach
Venue soutenir la cause des otages, l'ex-parlementaire Consuelo Gonzalez, émue à la simple évocation de ses "compagnons" restés aux mains des guérilleros, s'est voulue "optimiste".
"Après la libération à venir de quatre otages, il y en aura d'autres et Ingrid en fera partie", a-t-elle assuré au cours d'une conférence de presse donnée avec Mélanie Delloye, son père et plusieurs personnalités comme le philosophe André Glucksmann et l'écrivain Marek Halter.
Mais "Maman et d'autres otages sont au bout du rouleau", a rappelé Mélanie Delloye, évoquant la vidéo et la lettre parvenues en décembre où sa mère apparaît épuisée et désespérée.
Pour elle, "le fait que les Farc libèrent unilatéralement des otages ne peut pas être ignoré par le gouvernement colombien. Il faut qu'il fasse un geste lui aussi. Je ne comprends pas que le président colombien Alvaro Uribe puisse continuer à abandonner des soldats et des policiers qui ont lutté pour leur pays", juge-t-elle
Ingrid Betancourt en novembre 2007 dans la jungle colombienne
AFP/Presidencia/Archives -
Les proches de l'otage, qui s'opposent à toute intervention militaire pour sauver les otages, ont salué le voyage à Caracas et à Bogota de M. Kouchner qui a rencontré successivement les présidents vénézuélien Hugo Chavez et colombien Alvaro Uribe pour tenter de trouver une solution négociée.
"Toute tentative (militaire) de sauver les otages est une sentence de mort", a répété Consuelo Gonzalez, soulignant le rôle clef que peut jouer le président brésilien Lula et appelant à l'implication de la communauté internationale pour "aider" le président colombien Alvaro Uribe à "mettre fin à 40 ans de guerre" en Colombie.
Dans la matinée, Mélanie et son père avaient rejoint un collectif de soutien composé d'artistes et d'écrivains français au bas de l'avenue des Champs-Elysées, autour d'un bus britannique à impériale qui a sillonné la capitale pour "refuser l'indifférence" face au sort des otages.
Plusieurs radios reprenaient le message de soutien du chanteur Renaud et de Marek Halter, dont Radio France Internationale (RFI) qui diffuse régulièrement les messages adressés par Mélanie et Lorenzo Delloye à leur mère.