PARIS (Reuters) - Gouvernement et grévistes campent sur leurs positions alors que se prolonge le premier conflit social d'envergure de la présidence Sarkozy, engagé sur la réforme des régimes spéciaux de retraite.
Au quatrième jour de conflit à la SNCF et à la RATP, samedi, le pouvoir exécutif attend toujours un appel à la suspension de la grève reconduite jusqu'à lundi pour ouvrir des négociations tripartites dans les entreprises.
"Nous demandons pour que ces négociations s'ouvrent qu'il y ait un appel à la reprise du travail de la part des organisations", a déclaré samedi le Premier ministre François Fillon à l'issue d'un séminaire gouvernemental.
Il a cependant assuré qu'il ne s'agissait pas d'un "diktat."
"On attend un signe" de la part des organisations syndicales, la CGT au premier chef, explique-t-on de source gouvernementale. Qu'elles donnent une impulsion au niveau des assemblées générales. Nous ne demandons pas zéro grève."
Jusqu'à présent, la plupart des dirigeants syndicaux, soumis à une forte pression de la base, réclament la tenue préalable d'une réunion de cadrage permettant d'avoir plus de visibilité sur les négociations à venir.
Pour tenter de débloquer la situation, la direction de la SNCF leur a fait parvenir vendredi soir un document de méthode qui prévoit pour la négociation huit tables rondes sur un mois à partir de mercredi.
"GESTE DE BONNE VOLONTE"
Deux syndicats ont estimé qu'il n'y avait rien de nouveau dans ce texte mais d'autres ne se sont pas prononcés et la SNCF estime qu'il y a là une "opportunité" pour dénouer le conflit.
Dans Le Monde, daté du 18 novembre, Guillaume Pépy, directeur général exécutif de la SNCF, affirme que ce document "concrétise l'offre de négociations", notamment sur le périmètre, les thèmes de négociations et le calendrier.
Il pourrait être le déclic permettant aux assemblées générales de décider la suspension du mouvement, dit-on à la SNCF, où l'on espère pouvoir ouvrir dès mercredi la négociation avec "les organisations qui le voudraient."
La direction pense à la FGAAC, qui n'est pas engagée dans le conflit, à la CFDT, qui vient de s'en retirer. Elle attend surtout la décision de la CGT, qui avait elle-même proposé cette forme de négociation pour désamorcer la crise.
Entamé mercredi, le conflit porte en lui le risque pour le pouvoir exécutif de faire tache d'huile, une jonction étant désormais possible avec la journée d'action dans la fonction publique, mardi, pour la défense de l'emploi et du pouvoir d'achat.
S'y ajoute le mouvement de contestation dans les universités contre la loi d'autonomie, avec une trentaine de campus perturbés à travers le pays.
"Nous ne sommes pas pour les préalables. Il y a des gens de bonne volonté, les fils ne sont pas rompus", a déclaré Raymond Soubie, conseiller social de Nicolas Sarkozy, sur Europe 1.
"J'ai des espoirs raisonnables qu'on puisse arriver à une reprise du travail dans les tout prochains jours", a-t-il ajouté.
A gauche, Ségolène Royal, ex-candidate PS à la présidentielle, en déplacement en Guyane, a appelé le gouvernement à "sortir de son entêtement" face au mouvement social en cours.
Le député socialiste Julien Dray a également pressé le gouvernement de "faire un geste" en direction des organisations syndicales, soulignant qu'elles avaient besoin d'être rassurées compte tenu de la "pression sur le terrain".
"Personne n'a intérêt à ce que cela se durcisse parce qu'on va passer à des opérations qui viseront à bloquer, pour essayer d'empêcher le fonctionnement, et donc le risque de la violence existe", a-t-il dit sur France Info.
En dépit d'une baisse du nombre de grévistes tant à la SNCF qu'à la RATP, le trafic ferroviaire et les transports franciliens restaient très perturbés samedi.
Seule la fédération CFDT des cheminots, minoritaire à la SNCF, a appelé pour l'instant à la suspension de la grève.
Sur le terrain, les cheminots renâclent et bloquent parfois les voies pour empêcher le départ de trains, des "exactions" condamnées par la SNCF.
En pointe de la grève, Sud Rail dénonce le refus du gouvernement de l'associer aux futures négociations, soulignant ne même pas avoir reçu le "document de méthode" de la direction de la SNCF.
"Les AG qui se sont tenues ce matin ont toutes reconduit la grève", déclare le syndicat. Les cheminots de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur se sont ainsi prononcés à une large majorité pour la poursuite jusqu'à lundi de la grève